1) Frédéric Le Marcis a enquêté sur une épidémie de fièvre hémorragique virale, sur la région de Kindia dans les années 80, à partir de l'étude d'une équipe soviético-guinéenne.
Pour Frédéric Le Marcis "Gros Condé" est « un acteur qui s’inscrit dans le territoire avec une double légitimité (...). C’est lui qui est à l’interface entre l’institut de recherche Pastoria et la population de Madina-Oula... parce qu’il a cette double légitimité à la fois de chasseur -de "donso", en malinké- et également de chercheur ».
A la recherche de Kémoko.Amadou Tella dans sa concession (Madina Oula)
Sous la forme d'un "road movie", ce film documentaire nous plonge dans l'enquête de cet anthropologue.
Captivé par la figure de "Gros Condé", Frédéric Le Marcis part à la recherche de son histoire afin de lui consacrer un ouvrage. La fille de Kémoko l'accompagne, en espérant retrouver un homonyme de son père : un homme qui porterait le nom de Kémoko en hommage à celui qui était à la fois soigneur, chercheur et chasseur...
Kémoko Condé représente un acteur central de la recherche scientifique, en tant qu'il est un personnage transitionnel -intermédiaire- entre le laboratoire et le monde : chasse de virus et chasse de la faune sauvage s'entremêlent dans ses activités.
Dans le cadre de ses recherches sur une épidémie de fièvre hémorragique virale (1), Frédéric Le Marcis, anthropologue, revient sur les traces de Pastoria. Il souhaite comprendre comment les chercheurs travaillaient sur le "terrain". On lui évoque alors un infirmier de l'IRBAG pendant la période soviétique : Kémoko Condé.
A la recherche de Kémoko. Macouda Condé et Frédéric le Marcis présentant le portrait de Kémoko Condé
A la recherche de Kémoko.Karamoko Sory, maître coranique de Ouassou
Frédéric le Marcis, anthropologue, est Professeur des Universités à l'École Normale Supérieure de Lyon (ENS-L). Actuellement en accueil au sein de l’UMI 233 TransVIHMI (Université de Montpellier, IRD, INSERM) et en affectation à Conakry, au CERFIG, le Centre de recherche et de formation en infectiologie de Guinée.
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"Gros Condé", surnom qui lui fut donné en raison de son imposante stature, était épidémiologiste mais aussi chasseur et... protecteur bienveillant de la population en brousse. Cumulant ses différents statuts et fonctions, il collectait des données épidémiologiques tout en apportait des médicaments dans les villages du Tamisso, région montagneuse où il chassait également.
Après l'indépendance en 1958 et le départ des français, le centre devient l'Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée (IRBAG) Les recherches se développent ensuite, de 1972 à 1990, en partenariat avec des scientifiques de l'ex-URSS.
A partir de 1922, les scientifiques y expérimentent des sérums et des vaccins sur des singes capturés en brousse. C'est à Pastoria que l'efficacité du BCG, vaccin contre la tuberculose, fut ainsi démontrée sur le modèle animal.
En Guinée Conakry, près de la ville de Kindia, subsiste encore aujourd'hui les traces de l'Institut Pasteur de Paris, vestige de la colonisation française : le centre de recherche Pastoria ("Chez Pasteur", en langue soussou).